Là, la nuit tombait, et plutôt vite. Elle avait donc fait le choix de partir discrètement, abandonnant son téléphone et son flingue dans sa chambre (même si elle savait qu'elle n'y dormirait pas), elle avait tout de même choisi de garder son cran d'arrêt sur elle. Elle n'était pas dans sa ville, elle était même dans la ville de l'ORGANISATION alors elle préférait rester prudente.
Un civil anonyme, alors... Sinéad trouvait ce détail particulièrement étrange. Anonyme... Pourquoi souhaitait-il reste anonyme ?! Un type qui soutiendrait une telle cause, devrait être, par définition, un protecteur de la loi et de l'ordre. Un flic, un agent du gouvernement, un ministre... Quelqu'un d'important. Pas conséquent, cette personne aurait tout intérêt à se faire de la pub. « Votez pour moi ! Votez pour celui qui relance l'ORGANISATION ! Votez pour le maintient de l'ordre ! » Mais là, la personne ne souhaitait pas s'en vanter... Alors quoi ? Alors c'était quelqu'un à qui cela ne profiterait pas. Un criminel, par exemple.
Sinéad, assise sur un toit, ferma les yeux. « Pitié, faites que Mark ne soit pas l'investisseur... » songea-t-elle tout en se rendant compte que cet espoir était vain. Tout concordait. La fortune de Mark lui permettait de relancer l'ORGANISATION. Il n'avait aucun intérêt à clamer sur tous les toits qu'il avait relancé cette chose. Et en plus, c'était lui – et John – qui souhaitait qu'ils y aillent... Elle fronça les sourcils yeux fermés, et soupira.
- Ah, tu es là, lui lança Mark en montant.
- Que le fameux investisseur anonyme, c'est toi, répondit-elle, implacable et impitoyable.
Mark la rejoint en silence. Il s'assit à côté d'elle. Il ne démentit pas. Il savait que c'était inutile. Ca la mettrait d'autant plus en colère qu'elle ne pouvait déjà l'être. Il savait qu'il valait mieux jouer cartes sur table avec elle. Elle rouvrit les yeux. Enfin, l'oeil. Et ils se regardèrent. Bien sûr, elle avait l'air à la fois furieuse et fatiguée. Il savait qu'elle mourait d'envie de l'étrangler, et il savait aussi que son self control était sûrement la seule chose qui le maintenait en vie.
- Ecoute... Tu peux encore t'enfuir, Sin'. Mais ils te pourchasseront.
- Alors quoi ? Je n'ai pas d'autre solution que de me rendre ?!
- Et bien... je suppose que tu pourrais fuir, tous nous tuer, et te cacher jusqu'à la fin... Mais j'ai mieux à te proposer....
- Je ne comprends pas, tu cherches à me doubler moi, ou à doubler nos « anciens amis » ?
- Je n'ai aucun intérêt à te vendre, Sin'.
- Oh ne me dis pas qu'ils ne t'ont pas proposé de détruire ton dossier... Et puis, en tant que nouveau grand manitou, tu devrais y avoir accès...
- Primo, je ne suis pas le « grand manitou », ils ne font que jouer avec moi, malgré leurs belles paroles, je sais qu'ils mentent et je ne me ferais pas avoir... Secundo, si je leur ai dit que je te ramènerai, c'est parce que j'ai besoin de ton aide pour faire tomber cette Tour.
- Tu leur as dit que tu me doublerais pour mieux pouvoir les doubler ? Tu sais au moins qu'ils doivent s'en douter... ?
- Oui je sais, je sais... Mais tous les deux, on est les meilleurs, et avec John et Erwan, on les fera tomber. J'en suis sûr. Fais-moi confiance, Sin'...
- Ne me parle pas de confiance quand tu me trahis, Mark.
Elle se leva, et partit... Mark resta seul à contempler la nuit pendant une dizaine de minutes avant de rentrer chez lui. Il savait ce qu'elle allait faire : prendre Erwan, Kreenan, ses affaires et disparaître. Non seulement de la ville, mais aussi de sa vie. Ca le faisait chier. Mais il n'avait pas le choix...

Mube, Posté le mercredi 20 juin 2012 06:27
La chose qui frappe dans le premier paragraphe, c'est le quasi égoïsme (je ne trouve pas de meilleur mot sur l'instant) de Sinéad et, par extension du reste des lettres de l'alphabet. Lorsqu'elle roule vers la mort ou la solution, elle ne conçoit ses issues uniquement en fonction d'elle. Il n'y a pas de notions d'engagement envers une quelconque personne ou groupe. Ca renforce le côté artificiel et non humain des expériences. Et du coup, ben c'est intéressant.
Pour la suite, on s'enfonce dans les méandres des manipulations et faux semblants. Y a de la réflexion dans l'air. Il faut la suiiiiiiite!!